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Le journal des stagiaires de l'Institut international pour la Paix, la Justice et les Droits de l'Homme...

Rapport d'étonnement - Jour 11 #HRC32

28 Juin 2016, 09:18am

Publié par Institut International pour la Paix, la Justice et les Droits de l'Homme

Image du président du Burundi gribouillée par des élèves...

Image du président du Burundi gribouillée par des élèves...

Ca y est, la dernière semaine a été amorcé.

Et on commence à sentir la fatigue dans les rangs. Ce matin, entre deux débats, une délégation avouait à une autre : « C’est un peu la torture d’être ici, il y a une fête organisée à la fin ? ». No comment.

Le Palais m’a également paru moins agité que d’habitude, ses couloirs moins habités. Ajoutez à cela l’annulation de trois side events initialement au programme, et vous aurez une journée réussie.

Cette journée a cependant été l’occasion de faire de belles rencontres. Deux autres stagiaires, rencontrées dans la salle XX, m’ont notamment fait part de leurs propres impressions sur le Conseil des Droits de l’Homme. Leur fierté des débuts s’est rapidement transformée en perplexité. En tant qu’étudiants, nous avons pour habitude de suivre assudiment des cours, que nous prenons pour vérité. Ici, il faut sans arrêt se munir d’une alarme, savoir rester critique. Car tout est question d’interprétation.

Pour exemple, un Side Event, ce matin, dont l’objet était les droits de l’Homme au Burundi. Un représentant du gouvernement est intervenu, dénoncant une campagne de la calomnie et de la médisance menée par les médias. Selon lui, et contrairement à l’image que l’on s’en fait, le pays est un pays sûr, capable d’assurer la sécurité de sa population. Tout cela ne serait donc qu’une manipulation des médias, visant à attirer de l’ostracisme envers le gouvenernement Burundi. Pourtant, quelques minutes plus tard, en consultant les actualités burundaises, je tombe sur l’article suivant : « Burundi : 300 élèves renvoyés pour avoir gribouillé la photo du Président ». Assurer la sécurité du peuple est une chose, assurer sa liberté en est une autre.

Les débats dans la grande salle portait cet après-midi sur le suivi de la mise en œuvre de la déclaration et du programme d’action de Vienne. Une occasion pour moi de rappeler l’importance de l’apport de cette déclaration des droits de l’homme, adoptée le 25 juin 1993. Pour la première fois, les droits économiques, sociaux et culturels ont été reconnus comme des droits indivisibles et interdépendants, au même titre que les droits civils et politiques. C’est également cette convention qui a abouti à la décision cruciale de créer le poste de Haut Commissaire aux droits de l’Homme. En outre, les droits des femmes ont été indiscutablement et une fois pour toutes reconnus comme des droits de l’homme.

Chaque pays a tenu son beau discours, rappelant la valeur universelle des droits de l’homme et leur nécessaire protection, pour que puisse s’engager un processus de paix mondial. Certains pays ont mis en particulier l’accent sur la nécessité de faire obstacle à toute discrimination fondée sur le genre, ou l’orientation sexuelle d’un individu. L’idée de la création d’une commission indépendante a été soumise.

Enfin, la fin de journée a été marqué par un Side Event sur les questions du développement des pays d’Afrique et des impacts de la migration sur celui-ci. Les intervenants, particulièrement éloquents, ont rappelé l’extrême banalité du phénomène migratoire, processus naturel de l’Homme. Le droit de se mouvoir est un droit humain universel. Toujours dans cette optique de dédramatisation de la migration, ils ont tenu à prendre le contre-pied des inquiétudes que suicite le départ de 20 000 jeunes qualifiés tous les ans.

L’apport de la diaspora est double. Il est financier, d’abord : nombreux sont les migrants sollicités par leur famillle afin de pourvoir à leurs besoins. Une telle pratique s’est banalisée en Afrique, menant à une situation paradoxale. L’un des intervenants a raconté pour anecdote qu’il s’était retrouvé à donner de l’argent pour le deuxième mariage d’un cousin alors qu’il n’avait pu, lui même, se marier. Plus que financier, le problème est aussi culturel. Et c’est là le deuxième apport que font les migrants à leur pays, en véhiculant les idées nouvelles dont ils ont été les observateurs.

On parle de « fuite de cerveaux » ; si les cerveaux fuient, les âmes, elles, restent au pays.

STAY TUNNED

Julie

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